Ressemblances entre les personnalités de Meursault de
Camus et Sorel de Stendhal
*Mary Sol Ovalle Cijanes
Ce qui distingue la littérature des autres domaines de
connaissances est sa particularité de traiter des sujets complexes entre
diverses œuvres littéraires même si elles sont de différentes époques. En fait, les comparaisons littéraires
marquent l’ensemble des textes de toutes les périodes. Cette dissertation vise
à présenter deux personnages partageant des conceptions semblables de leur
personnalité.
Les œuvres de la littérature envisagent plusieurs aspects
; étudier les textes littéraires permet que certaines personnes prennent comme
point de départ le texte lui-même, d’autre s’intéressent à l’auteur, ses
caractéristiques et son contexte. Un nouveau point de vue est émergé pour étudier
le lien entre plusieurs textes, plusieurs auteurs ou littératures, c’est la
littérature comparée, sujet de notre étude.
La comparaison est une activité essentielle si nous
parlons de littérature. Selon Rousseau la comparaison exige un rôle central
dans la vie spirituelle et intellectuelle de l’homme. Il exprime que « la réflexion naît des idées comparées, et
c’est la pluralité des idées qui porte à les comparer. […] C’est ainsi que nous
apprenons à considérer ce qui est sous nos yeux, et que ce qui nous est
étranger nous porte à l’examen de ce qui nous touche[1] ». De ce fait, les
comparaisons sont indispensables pour établir des rapports entre deux ou plus
d’œuvres littéraires afin d’obtenir une connotation plus complexe et intégrale
des thèmes à étudier.
Dans ce sens, la littérature comparée nous donne des
fondements pertinents pour aborder ces perceptions de manière complète et
multifonctionnelle. Cette littérature nous permet de mieux apprécier et mieux
comprendre les traits de l’autre. D’après Brunel, Pichois, et Rousseau (1983) « La littérature comparée est l'art
méthodique, par la recherche de liens d'analogie, de parenté et d'influence, de
rapprocher la littérature des autres domaines de l'expression ou de la
connaissance, ou bien les faits et les textes littéraires entre eux, distants
ou non dans le temps ou dans l'espace, pourvu qu'ils appartiennent à plusieurs
langues ou plusieurs cultures, fissent-elles partie d'une même tradition, afin
de mieux les décrire, les comprendre et les goûter [2]» Ces perceptions
nous amènent à préciser que ce type de littérature nous offre une proximité
inégalée des domaines de travail pour comprendre non seulement les relations
entre les textes littéraires, mais aussi la relation de la littérature avec les
autres aspects de la connaissance humaine voire l’art.
Cette étude met en évidence le texte
« L’étranger » de Camus et « Le rouge et le noir » de
Stendhal dans le but de trouver les ressemblances entre les personnalités de
leurs personnages principaux, tenant compte que Camus s’est inspiré de ce roman
pour rédiger son œuvre magistrale. Tout d’abord, il faut mentionner que
« L’étranger » est un roman publié en 1942 qui raconte l’histoire de
Meursault qui d’une manière peu claire essai de refuser l’autorité d’une
société et de se rebeller contre elle en enfreignant les règles morales d’une communauté
immergée dans des idées opposantes à sa propre pensée. D’autre part nous
trouvons « Le rouge et le noir » un roman publié en 1830 qui met
l’accent sur la vie de Julien Sorel, le héros classique qui n’est pas satisfait
avec son existence et cherche à obtenir le pouvoir et la reconnaissance sociale
en cachant son malaise quant à la société et la morale de l’époque.
Ces deux romans appartiennent à différentes époques ce
que nous permet de réfléchir et d’examiner la relevance et l’importance des
auteurs à nos jours. D’un côté, la magnificence de Stendhal et sa capacité de
nous faire douter de l’existence de la société adéquate et appropriée pour
notre héros. L’auteur immortalise sa propre pensée dans un personnage qui n’est
pas un stéréotype de l’époque. Stendhal est un des amoureux les plus importants
de l’imagination créatrice. Dans son
œuvre « Le rouge et le noir » il met en évidence l’opposition
religieuse, morale et sociale sous le regard ambitieux et courageux du
protagoniste. De ce fait, ce roman montre les aspects plus profonds de la personnalité
de Sorel qui est un reflet de celle de Stendhal, considérée de tel sorte
étrangère aux principes établis en 1830.
Une réflexion plus fine de son style et abordé par Musset
cité par Laforgue, (2009) quand il exprime : « Mais il faut, avant de poser la plume, parler de ce style qui, comme le
dit l’annonce, est tantôt noir jusqu’au lugubre, tantôt rouge comme du sang. Les caractères ont
aussi ces deux nuances, et bien marquées. C’est sans doute là ce que promet le
titre, si tant est qu’il promette quoi que ce soit. Du reste,
M. de Stendhal est un désenchanteur par excellence ; il aime à
désoler son monde : il affectionne l’imprévu [3]»
Cette
remarque renforce les conceptions précédentes car cet écrivain crée un style
opposante et satirique encore présent, qui a inspiré Camus à rédiger le roman
déjà cité.
Pour continuer avec la séquence de cette étude, on
présente l’audace et le style ambiguë de Camus. De façon pareil à celle de
Stendhal, l’auteur reflet sa propre existence dès la perspective de Meursault.
La rédaction de « L’étranger » montre une écriture réelle et ironique
qui symbolise la discrétion de Camus au moment de traiter et d’exemplifier des
thèmes controversés dans la société. Pour illustrer ces aspects on doit mettre
en évidence les apports faits par Picon, (1949) quand il évoque « On
glisse hors de soi, on devient indifférent, étranger à soi-même : tel est
Meursault. Il ne se tue pas, cependant, il se laisse condamner à mort. Sans
quitter le terrain de l'absurde, il y a une existence possible et, peut-on
dire, une morale. Mais cette morale n'aura de sens que si elle refuse à omettre
la donnée essentielle : l'absurde -, que si elle rejette les élisions : le
suicide, la croyance religieuse, l'espoir. La valeur suprême est la lucidité :
il y a un héroïsme à vivre en pleine conscience, à affronter l'absurde en
pleine lumière.[4] »
Ces éléments appuient la thèse
citée préalablement car ils affirment que Camus intègre la réalité dès une
manière consciente et existentielle dans lesquelles l’auteur montre la
signification de son propre monde sous le regard indécis de Meursault.
Cette dissertation a été pensée de se faire en suivant trois étapes
fondamentales pour accomplir le but d’exposer les ressemblances de Meursault et
de Sorel tenant compte leurs personnalités. De ce fait, il est impératif
d’aborder les similitudes entre les deux textes afin de remarquer les aspects
semblables des romans qui contribuent à une meilleure compréhension du sujet à
traiter. Egalement, il faut montrer les aspects explicits de la personnalité de
ceux deux personnages pour arriver à la création d’une analyse profonde des
romans en mettant l’accent sur leurs similitudes.
Pur mieux illustrer les perceptions préalables, il faut
dire que les textes littéraires font partie de l’imagination, le contexte ou
même de la culture d’une société. Les deux œuvres littéraires présentées dans
ce document décrivent la structure sociale aussi bien qu’ils révèlent les
tensions entre les lignes et les rôles de la société et les communautés
différentes. Tout d’abord il faut faire une analyse de chaque roman afin
d’arriver à trouver les similitudes générales entre eux.
Le rouge et le noir est un roman écrit dans un temps
dramatique et violent en France. Stendhal met en évidence sa propre pensée et
perspective sous la performance de Julien Sorel. Après la bataille de Waterloo
et la défaite de Napoléon la France est divisée en deux côtés : ceux qui
sont pour la campagne de Napoléon et ceux qui sont contre. Il est évident dans
ce roman que Stendhal est un grand admirateur de Napoléon, fait qui donne vie à
la personnalité de Sorel. Comme Alain
Quesnel mentionne dans son livre « Premières
leçons sur le Rouge et le Noir », la Révolution de juillet 1830 n’est
pas fini dans cette époque-là : «
Depuis 1815, toutefois, le feu couvait déjà : une société complètement bloquée,
ossifiée, sclérosée ne pouvait que courir à sa propre catastrophe [5]» Il est très
observable toutes les difficultés et les tensions de la société qui reflet les
actions des personnages du Rouge et le Noir et le résultat final de toutes ces
actions.
Le rouge et le Noir nous montre l’histoire de Julien
Sorel, un jeune homme, fils d’un charpentier du village de Verrières. Son père,
illettré et brutal dans sa façon de vivre, déteste l’indifférence de Sorel face
au travail physique. Sorel pari dès très petite a l’ambition et la
reconnaissance sociale peu importe son hypocrisie avec le monde et les
personnes qui l’entourent. À partir de sa
connaissance de la bible et du latin, Sorel commence à devenir important dans
la société bourgeoise de l’époque tenant compte que son unique intérêt est de
trouver la gloire et la richesse des peuples. Bref, c’est l’histoire de
l’ascension et la chute subséquente de notre protagoniste. Il est nécessaire de citer une phrase
explicite de l’œuvre. Dans le roman nous lisons : ‹‹ Depuis la chute de Napoléon, toute apparence de galanterie est
sévèrement bannie des mœurs de la province. On a peur d’être destitué. […] et
l’hypocrisie a fait les plus beaux progrès même dans les classes libérales.
L’ennui redouble. Il ne reste d’autre plaisir que la lecture et l’agriculture.[6] » Stendhal écrit
cette phrase pour renforcer l’image naturelle du protagoniste, c’est-à-dire son
hypocrisie et son désir d’être cultivé pour sortir de la pauvreté dans laquelle
il est né afin d’obtenir le succès d’une vie prestigieuse.
De la même manière, ce roman nous proportionne une perspective
profonde de la France dans cette époque-là tenant compte les diverses passages
et séjour du protagoniste autour du monde. Cette conception nous amène à
constater qu’il existe un cadre de vie différente auquel Sorel s’adapte en
dépendant du lieu où il se trouve. Ces formes de concevoir ce roman comportent
une alternative de l’idée libérale et morale de la société, mais de la même
manière le système de pensée de l’écrivain et de sa création projetée sous le
regard de Sorel en différents pays et civilisations. Toutes ces composantes
sont aussi présentes dans « L’étranger » de Camus valorisant notre
thèse principale. La façon d’apercevoir ces deux œuvres de la littérature
francophone comme une séquence linaire et similaire, nous situe en périodes du
temps différentes, mais avec des situations morales, politiques et religieuses
similaires. Pour argumenter ces propositions, il est indispensable de faire de
façon générale une analyse de L’étranger.
Ce roman montre indéniablement la révolté intérieur et
extérieur du protagoniste, Meursault, qui intègre la plupart des attitudes
humaines qui cherchent à sortir de façon naturelle mais qui contribuent au
mécontentement de la société qui l’entoure. L’étranger consolide le besoin de
l’utopie et le monde réel du protagoniste qui fait naitre la révolte naturelle
de l’existence humaine. Camus écrit dans ses notes en août 1937 : « Le type qui donnait toujours les promesses
et qui travaille maintenant dans un bureau. Il ne fait rien d’autre part,
rentrant chez lui, se couchant et attendant l’heure du dîner en fumant, se
couchant à nouveau et dormant jusqu’au lendemain. Le dimanche, il se lève très
tard et se met à sa fenêtre, regardant la pluie ou le soleil, les passants ou
le silence. Ainsi toute l’année. Il attend. Il attend de mourir. [7]» Dans ce sens
Camus révèle l’existence du chaos interne d’un homme indifférent qui ne cherche
pas à se justifier et qui compose la plus réelle conception de la
personne : atteindre la morte.
En suivant les arguments et les faits du Rouge et le
Noir, L’étranger a été écrit avant de la guerre en 1937, c’est pourquoi on peut
dire que les thèmes traités dans cette œuvre évoquent la situation sociale,
politique et morale de l’époque qui permettent d’avoir une interprétation de la
pensée de l’auteur autour de la peine de morte. Ces considérations deviennent
plus forte quand en 1939 Weidmann est guillotiné et Camus reflet sa mécontente
avec ces actions dans les dernières pages de son roman. De cette manière, à
travers le personnage de Meursault, Camus nous présente sa propre conception de
la société et du monde. Il cite : «
Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l’enterrement de sa mère
risque d’être condamné à mort. Le héros du livre est condamné parce qu’il ne
joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, il erre,
en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c’est
pourquoi des lecteurs ont été tentés de le considérer comme une épave.
Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est simple : il refuse de mentir. [8]» Avec cette phrase
Camus renforce son point de vue, étant donné que le protagoniste ne peut pas
aboutir ce que la société attend de lui. Les règles sociales semblent sans
aucune importance pour Meursault qui se limite à vivre comme un étranger dans
une communauté qui n’est pas propre.
Ces considérations nous proportionnent une meilleure
perspective des similitudes entre ces deux romans de différentes époques avec
des contenus semblables qui donnent au lecteur l’idée de faire partie du
contexte et de la culture de chaque période, en mettant l’accent sur le fait de
s’opposer aux situations et aux circonstances de la société. Voyons quels sont
les similitudes les plus remarquables entre les deux romans déjà cités.
Tout d’abord, il faut mentionner que Camus admirait
l’écriture et les œuvres de Stendhal, ce que nous permet de trouver de façon
plus détaillée les ressemblances entre les textes. Le Rouge et le Noir est
considéré comme la première source d’information pour donner la fin à
L’étranger. À la fin du roman Le rouge et le noir, Julien Sorel essaie
d'assassiner avec un pistolet son ex-amante Madame de Rênal et, ensuite la
peine capitale lui est garantie. Julien Sorel est le troisième condamné à mort
à considérer ici. Dans cette partie du livre on peut percevoir que Meursault
adopte la même attitude que Sorel au moment de refuser la visite du prêtre. On
peut exemplifier cet argument avec des extraits des livres :
Dans le Rouge et le Noir Stendhal écrit : « Le matin il avait déjà refusé la visite de
ce prêtre, mais cet homme s'était mis en tête de confesser Julien »[9]. Par contre dans
l’étranger on trouve une similitude dans cet aspect ; Camus écrit :
« Pour la troisième fois, j'ai refusé de voir l'aumônier »[10] Ces deux attitudes des textes nous montrent le
despotisme des protagonistes vers la religion et la morale de la situation,
situation pour laquelle les prêtres sont perçus comme le facteur opposante a la
liberté et à la vérité.
Dans un deuxième temps on peut trouver la furie des personnages au moment
d’affronter son destin à la fin des livres. Dans Le rouge et le Noir, Sorel
montre la fatigue et la déception de son final « Le prêtre voulut embrasser Julien, et se mit à s'attendrir en lui
parlant. La plus basse hypocrisie était trop évidente ; de sa vie, Julien
n'avait été aussi en colère »[11]
De ce fait, Stendhal met en évidence les sujets qu’il a traité tout au long de
son œuvre l’hypocrisie et l’angoisse de ne pas être le résultat désiré d’un
système social établi. Suivant ces
postulats, Camus mentionne « Il a
dit quelques mots et m'a demandé très vite si je lui permettais de m’embrasser
: « Non », ai-je répondu. Il s'est retourné et a marché vers le mur sur lequel
il a passé sa main lentement »[12].
Toutes ces orientations nous permettent observer de quelle manière Camus s’inscrit
sur une perspective sociale et morale contradictoire à celle relevé. La fin de
L’étranger, suppose plusieurs aspects semblables entre les deux histoires qui
intègrent la manière d’éluder la religion des aspects politiques et sociaux. Il
existe un autre élément qui évoque les similitudes des textes dans cette
partie. Camus s'est inspiré
probablement aussi d'une scène où Julien Sorel rêve à se "jeter sur le
prêtre et l'étrangler avec sa chaîne". On trouve cet aspect exemplifié
dans L’étranger : « Alors, je ne
sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevé en moi. Je me suis mis à
crier à plein gosier et je l'ai insulté et je lui ai dit de ne pas prier. Je
l'avais pris par le collet de sa soutane »[13]
Tous ces éléments sont une représentation et un renouvellement de l’idée de
Stendhal de s’appuyer sous une forme naturelle de refuser l’autorité de
l’époque.
Mais, si on analyse plus profondément les textes il existe une similitude
au début des livres. Dans Le rouge et le Noir, Sorel quitte sa maison et
commence une nouvelle vie sous les ordonnances de ses patrons. Il laisse sa
famille et il adopte une attitude d’indifférence totale dans cet aspect. C’est
pourquoi on peut dire que pour lui son père est mort et pour obtenir la
reconnaissance désirée, il le croit vraiment. Également, Camus commence son
livre en racontant la morte de la mère de Meursault, une femme âgée qui n’avait
pas une relation étroite et familiale avec lui. On peut dire que la
distanciation des relations familiales des personnages montre l’incomplétude
des personnages face aux rapports émotionnels de leurs vies et leurs
personnalités.
À partir de l’admiration de Camus pour Stendhal, on perçoit que Sorel est
comme un étranger de la même manière que Meursault dans son processus de vie,
les deux acceptent son destin, c’est-à-dire leur exécution et ils préfèrent
dire la vérité et mourir comme un martyr que mentir pour accomplir avec les
exigences morales de la société. Tenant compte les similitudes déjà exposé des
romans, il faut faire une analyse des ressemblances entre les personnalités des
protagonistes de ces deux livres : Meursault et Sorel.
Comme on l’a déjà exposé, la littérature est une source d’inspiration et un
moyen inégalé des connaissances culturelles, sociales et linguistiques que nous
permettent d’acquérir des attitudes comparatives entre plusieurs chef d’œuvres
de différentes époques. Dans ce sens, on constate que la comparaison est une
activité indispensable pour explique les situations de la société, également en
littérature. La conception des roman « Le rouge et le Noir » et « L’étranger »
a été pensé dès une perspective conflictuelle est violente soit dans l’esprit
des personnages ou dans les situations historiques et les contextes sociaux.
Abordons les aspects les plus remarquables de la personnalité de Meursault
dans L’étranger. Meursault est considéré comme un anti-héros car il n’était pas
si conforme avec les actions admissibles et valides de la société. On peut dire
que son identité n’est pas établie et il cherche à se faire comprendre dans un
monde conventionnel et habitué aux symbolismes. La sensibilité de Meursault est
nuancée dû à son indifférence aux actions qui l’entourent ; mais il est évident
dans le deuxième chapitre qu’il exprime ses sentiments de façon personnelle au
moment de parler du climat. Les phrases comme « l’après-midi était
beau », « le ciel s’est assombri, et j’ai cru que nous allions avoir
un orage d’été », « Il faisait bon », nous montrent la sensibilité et
les sensations fortes de son esprit et son désir d’être complet. D’après Hadeed,
(2008) Meursault exprime son obligation morale à partir de ses attitudes
quotidiennes : « Meursault
n’est que sensibilité, contact avec la nature, mais il est obligé de vivre
parmi les hommes. Et il ne parvient pas à « jouer le jeu » social. Ce que la
société attend de lui, il ne sait pas le lui donner. Il aurait dû pleurer à
l’enterrement de sa mère, ne pas fumer, demander à voir le corps, etc. mais il
a fait ce qu’il ressentait l’envie ou la possibilité de faire »[14].
Ces perceptions, donnent du sens à la théorie de l’obligation morale
destiné à la vie en société pas seulement dans l’enterrement de sa mère mais
dans les valeurs sociales.
D’autre part, on ne peut pas dire que Meursault est une personne
indifférente. Il apprécie Marie, la beauté des villes, le climat et également
sa mère, mais évidemment il est incapable d’exprimer ses besoins et ses
sentiments. Les phrases comme « Marie est très belle », quand il
parle de sa mère il lui dit « Maman » et les citations du climat déjà
mentionnées montrent un type d’affection et même d’amour pour les choses et les
personnes plus proches de lui. De cette manière, Camus montre la lassitude et
la fatigue du protagoniste dans les pas des jours. Cette phrase argumente cette
position « pour moi c'était sans cesse le même jour qui déferlait
dans ma cellule et la même tâche que je poursuivis. » (P. 180). Dans cette
citation, on trouve la monotonie et la solitude de la vie sans importance du
personnage. Quand il parle avec le prêtre dans sa cellule et l’aumônier le
demande de sa vie, Meursault mentionne « cela me paraissait une question
sans importance ». De ce fait, on constate que sa négligence devient une
forme d’autorégulation et de défense contre les impositions du système social
et moral. Le propre Camus mentionne que Meursault est une personne forcée à
s’adapter, mais avec une passion cachée et limitée : « Meursault pour moi n’est donc pas une épave,
mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombre. Loin
d’être privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace,
l’anime, la passion de l’absolu et de la vé- rité. Il s’agit d’une vérité
encore négative, la vérité d’être et de sentir, mais sans laquelle nulle
conquête sur soi ne sera jamais possible »[15].
De cette façon, la profondeur de son esprit empêche ses propres désirs d’être
libre avec lui-même et avec la société. Donc, Meursault renforce l’idée
d’accepter son destin de mourir pour la vérité, et cet aspect fait de lui un
héros.
Par contre, il est nécessaire de mettre l’accent sur la personnalité de
Julien Sorel, création de Stendhal. Sorel est considéré comme le stéréotype de
héros romantique, c’est-à-dire il n’hésite pas à exprimer ses sentiments et il
a une relation profonde avec la nature. Similaire à Meursault, il ne se sent
pas de la société à cause de ses pensées opposantes à celles de l’époque. Dans
sa vie il passe par différents états d’humeur qui se reflètent dans les
personnages secondaires du livre. La
sensibilité de son esprit est argumentée quand Stendhal écrit : « Jamais
il ne fera un bon prêtre, ni un grand administrateur. Les âmes qui s’émeuvent
ainsi sont bonnes tout au plus à produire un artiste. » Dans ce postulat, il
est possible d’apercevoir le manque de confiance des personnages du livre pour
notre héros et l’incomplétude de son existence.
Sorel est un héros si complexe, avec plusieurs contradictions dans ses
actions et également avec beaucoup de courage dans les situations qui
l’entourent. A partir des premiers chapitres du roman, la singularité de Julien
est touchante. Comme le montre Zaki Wahhaj dans son article Le Héros Réaliste : « le personnage principal est le seul dont le
rôle ne soit pas défini : Dès le début, le lecteur remarque que la personnalité
de Julien est singulière. Presque tous les autres personnages du roman [...]
ont des rôles précis dans la société de la Restauration. Mais contrairement aux
autres, Julien n’est pas un personnage stéréo typique de l’époque.[16] »
De ce fait, Sorel intègre la liberté à partir de l’opposition morale et sociale
et il se trouve libre sans tenir compte sa propre hypocrisie. La description de
sa personnalité commence dès une perspective familiale où notre héros
romantique s’oppose à son milieu d’origine. Il ne se conforme pas avec la vie
qu’il est obligé à vivre, même s’il est le fils pauvre d’un charpentier. Bien
que Sorel ne soit pas le produit direct de la société, sa formation le fait
l’homme en évolution constant tantôt intellectuellement comme financièrement. La
personnalité de Sorel comporte des aspects de courage, liés aux notions
d’honneur et de valeur morale. Quand Sorel
parle avec son ami Fouqué il refuse d’avoir une vie courante et tranquille sans
obtenir une reconnaissance social définie. Il rêve avec la gloire de son époque
et il met l’accent sur ses idéologies : « Mais tout à coup, Julien fut heureux, il avait une raison pour
refuser. Quoi, je perdrais lâchement sept ou huit années ! j'arriverais ainsi à
vingt-huit ans ; mais, à cet âge, Bonaparte avait fait ses plus grandes choses
! Quand j'aurai gagné obscurément quelque argent en courant ces ventes de bois
et méritant la faveur de quelques fripons subalternes, qui me dit que j'aurai
encore le feu sacré avec lequel on se fait un nom ? »[17]
Ces considérations sont à l’intérieur de Sorel une raison pour refuser de
vivre d’une manière désirée sous le regard des catégories sociales du
romanticisme.
De plus, les sentiments d’indifférence que Sorel évoque tout au long du
roman font partie de ses désirs de ne pas se sentir inferieur a la société dans
laquelle il habite. La religion pour lui comporte une solution économique de
ses défis financières, pas une vocation de l’âme. Son indifférence pour toutes
les choses ce qui le rend plus beau et intéressant aux yeux de son amant Mme de
Rénal : « Mon petit Julien, au
contraire, n'aime à agir que seul. Jamais, dans cet être privilégié, la moindre
idée de chercher de l'appui et du secours dans les autres ! il méprise les
autres, c'est pour cela que je ne le méprise pas. » (P. 297). De cette
manière son jeu social et imaginaire permet d’avoir une sensibilité et une
mécontente avec les jugements critiques des personnes qui le perçoivent.
Ayant compris les personnalités de ces deux personnages littéraires, il est
possible de trouver les ressemblances entre les deux protagonistes. Tout
d’abord, il faut nommer les éléments semblables des personnages :
l’indifférence, la solitude et la liberté. Si on parle d’indifférence il faut
dire que ces deux personnages passent d’être des hommes libres et innocents a
des hommes condamnés à mort à cause des assassinats. Camus et Stendhal nous ont
permis de percevoir sous les regards de Meursault et Sorel qu’ils se trouvent
dans une prison de leurs propres âmes en utilisant l’indifférence comme un
moyen d’autorégulation et de reconnaissance propre. La similitude qu’on
remarque de cet aspect est souligné par Meursault quand il mentionne : « Je n'ai jamais pu croire profondément
que les affaires humaines fussent choses sérieuses. Où était le sérieux, je
n'en savais rien, sinon qu'il n'était pas dans tout ceci que je voyais et qui
m'apparaissait seulement comme un jeu amusant, ou importun. (...) Sans doute,
je faisais mine, parfois, de prendre la vie au sérieux. » Meursault
compare son existence comme une choses fluctuante et banale que toutes les
personnes doivent atteindre mais que c’est un jeu de l’universalité, raison
pour laquelle il n’y a pas d’importance. Dans ce sens Stendhal met en évidence
que cet a cause de l’indifférence de Sorel que Mme de Rénal et Mathilde de La
Mole sont folles d’amour pour lui, malgré sa condition sociale et financière.
D’autre part, une caractéristique de nos héros est la solitude. Ce qu’on
comprend par solitude est l’état naturelle de la personne avec soi-même. De
cette manière, ces livres montrent la reconnaissance spirituelle et propre de
nos personnages tenant compte l’image idéale, le courage et l’énergie propre.
Citons des extraits des livres qui exemplifient notre thèse. Meursault se
trouve seul dans sa prison, il est condamné à mort pour avoir enterré sa mère
avec un cœur d’assassin ; il meurt seul.
Cette partie ici exposé est la plus semblable entre les personnalités
des personnages. Camus et Stendhal créent des héros avec une complexité absurde
pour agir avec la société. Les deux se sentent mieux d’être seuls peu importe
s’ils ont le désir charnel et l’amour des femmes, ils préfèrent d’être avec
eux- mêmes. Sorel comme Meursault sentent l’obligation de s’exprimer en
solitude avec des cris et des larmes sans personnes à côté d’eux. Egalement, il
est possible d’observer la solitude de ceux deux hommes à la fin de chaque
histoire quand ils sont condamnés à mourir, mais pour la première fois dans
leurs vies ils sont libres dans leurs esprits.
Pour finir avec cette partie de l’analyse des personnalités, il faut
mentionner l’aspect de la liberté des personnages. Pour commencer, il est
nécessaire de dire que ces romans nous proportionnent une manière différente de
percevoir la liberté. Il faut concevoir que la liberté n’est pas seulement
l’absence de restrictions ou l’établissement de mesures pour vivre en société,
la liberté peut se percevoir comme un état de l’âme pour être en paix et
tranquille avec nous-même. Camus exprime : « Dans un monde soudain privé d’illusions et de lumières, l’homme
se sent un étranger. Cet exil est sans recours puisqu’il est privé des
souvenirs d’une patrie perdue ou de l’espoir d’une terre promise »[18]
la privation de Meursault face aux valeurs sociales lui amènent à considérer
une révolte qui commence à l’intérieur de notre héros et se reflète comme une
action infortunée de la vie. C’est le même cas de Sorel. Sa privation et son
ambition l’empêchent d’être libre. Il se cache sous son hypocrisie afin
d’obtenir la gloire, mais il trouve la paix et la liberté désirée en prison,
seul et immergé dans son propre être. Charrue (2005) dit : « Le sentiment intérieur se conjuguera avec
une expérience extérieure, et c’est là que la liberté apparaîtra, dans cette
sorte de rencontre. »[19]
À partir de ce postulat, on constate
que l’amour propre de nos héros évoque la manière comme ils reflètent leur
monde extérieur, ironiquement seulement dans la morte ils trouvent le sens
d’être vraiment libres.
Bref, il faut établir de manière profonde les ressemblances entre les deux
romans déjà mentionnés. Commençons tout d’abord par les aspects le plus
remarquables de ces œuvres. Les deux textes ont été écrit dans des époques
difficiles et violentes qui empêchaient la libre expression du peuple. Les
auteurs évoquent l’incertitude de l’avenir ainsi que la certitude du présent et
la complexité du passé. De cette manière, ces deux textes nous amènent à
constater qu’il est possible de trouver deux romans semblables en plusieurs aspect
malgré les époques.
D’autre part, les personnages principaux sont une combinaison
extraordinaire de l’imagination de Stendhal et de Camus. Ils n’avaient pas peur
de décrire la vérité peu importe si elle n’est pas très belle. Stendhal a
mentionné : « un roman est un
miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt, il reflète à vos yeux
l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui
porte le miroir dans sa hotte sera accusé par vous d’être immoral ! Son miroir
montre la fange et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin
où est le bourbier, et plus encore l’inspecteur des routes qui laisse l’eau
croupir et le bourbier se former »[20]
Cette perspective, nous donne une idée générale de la fixation de Stendhal
pour combattre les pensées sociales et morales de cette période du temps. Tenant
compte que Camus s’est inspiré de Sorel pour créer Meursault, la ressemblance
la plus remarquable entre eux est que tantôt Sorel comme Meursault sont
étrangers sous leurs idéologies, et le manque de compréhension de la société à
cause de leurs perspectives devient une opposition très fluctuante qui s’est
reflété à la fin de chaque histoire avec la condamne à mort des deux jeunes
protagonistes.
[3] Laforgue, (2009) “Le mauvais ton de Stendhal : Les
comptes rendus du Rouge et le Noir en 1830-1831 »
[4] Picon (1949) « Panorama de la
nouvelle littérature française »
[8] Camus, (1955) préface
à l'édition américaine de l'Étranger
[9] Le rouge et le noir, p. 1051
[10] L’étranger, p. 408
[13] L’étranger, p. 182
[14] Hadeed, (2008), “ Le thème de
l'indifférence dans L'Etranger d'Albert Camus et Les sept piliers de la sagesse
de T.E. Lawrence
[15] Camus, (1955) préface à l'édition américaine de l'Étranger
[17] Le rouge et le Noir, p. 157
[18] Camus, « Le mythe de Sisyphe. »
[20] Quesnel. A, (1996) p. 9, 10. Premières leçons sur le
Rouge et le Noir – un roman d’apprentissage, Presses Universitaires de France